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Palestiniennes 11 juin 2003 - Jérusalem. Naila al-Zaru montrant son appartement, volé et désormais occupé par des colons de la vieille ville. Divorcée, Naila était propriétaire de son logement, au coeur de la vieille Jérusalem, à la jonction entre les quartiers juif et palestinien. Après 1967, des acquéreurs lui proposèrent des sommes déjà impressionnantes pour cette maison. Devant son refus, le ton monta et le harcèlement démarra. Mais elle tenait. En 1985, Naila se rend au chevet de sa mère malade à Amman. Profitant de son absence, des colons prennent possession de sa maison. A son retour, s'enclenche une bataille juridique qui se terminera par la victoire de Naila, en 1991. Pendant cette pèriode, les offres allaient jusqu'au chèque "ouvert", plus la maison de son choix en Palestine. Mais Naila refusait toujours. La décision judiciaire finale fit date car pour la première fois, une cour israélienne rendait une maison à un Palestinien. La police mit plus d'un an pour intervenir. Mais Naila retrouva sa maison en 1992. Dés lors, débuta un harcèlement d'une violence extrême : Naila et ses enfants devaient faire face quotidiennement aux insultes, aux coups et aux jets de projectiles. Pendant plusieurs années, elle peine à trouver le sommeil, hantée par les armes que ses voisins lui montraient et les bruits menaçants qu'ils se relayaient pour faire la nuit. Mais elle tenait. Il y a cinq ans, Naila dut à nouveau s'absenter quelques jours et le scénario se renouvela. Des colons prirent possession des lieux. La police n'intervint pas. Naila fit alors sensation en installant une tente en bas de chez elle. Mais elle ne put tenir plus de 15 jours terrorisée par les colons chaque nuit durant. Aujourd'hui, elle vit en face de cette maison perdue, refusant toujours de quitter le quartier. Ses fenêtres et sa cour sont grillagées, elle vit en cage comme tous ses voisins palestiniens, pour parer les jets de projectiles.
Pierre-Yves Ginet / TaÔga
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